Campagnes italiennes des guerres de la Révolution française
La guerre de la Première Coalition éclate à l’automne 1792, lorsque plusieurs puissances européennes forment une alliance contre la France républicaine. La première opération d’envergure est l’annexion du comté de Nice et du duché de Savoie (deux États du royaume de Piémont-Sardaigne) par 30 000 soldats français. Cette opération est inversée à la mi-1793, lorsque les forces républicaines sont retirées pour faire face à une révolte à Lyon, ce qui déclenche une contre-invasion de la Savoie par le Royaume de Piémont-Sardaigne (membre de la Première Coalition). Après la répression de la révolte lyonnaise, les Français du général Kellermann parviennent à repousser les Piémontais avec seulement 12 000 hommes, remportant les engagements d’Argentines et de Saint-Maurice en septembre et octobre 1793.
Le conflit s’intensifie bientôt, les forces autrichiennes et napolitaines étant mobilisées pour une invasion du sud de la France afin de récupérer Nice et de frapper en Provence. Les forces alliées sont renforcées par quelque 45 000 Autrichiens, Piémontais et Napolitains, avec le soutien supplémentaire de la Royal Navy britannique. Avant que les Alliés ne puissent lancer cet assaut, les Français, sous le commandement tactique d’André Masséna, lancent l’offensive de Saorgio (avril 1794), planifiée par le commandant de l’artillerie de l’armée, le général Napoléon Bonaparte. Cette double offensive française repousse les forces alliées, malgré leurs fortes positions, et s’empare fermement des cols de montagne qui mènent au Piémont. Une nouvelle offensive, toujours conçue par le général Bonaparte, connaît un succès similaire malgré sa nature plus compliquée, nécessitant la coordination de l’armée d’Italie et de l’armée des Alpes.
D’autres assauts français sur les positions alliées sont interrompus sous les ordres du ministre de la guerre Carnot, qui s’inquiète de voir les lignes d’approvisionnement coupées par les rebelles derrière le front. Les commandants sur le terrain sont mécontents de cette décision, mais les appels sont interrompus par le renversement du Comité de salut public et de son chef, Maximilien de Robespierre (28 juillet 1794). Pendant le chaos politique qui s’ensuit dans l’armée française, les Alliés lancent un assaut sur Savone. Ignorant les ordres de Carnot, le commandant de l’armée d’Italie lance une contre-offensive et sécurise les voies d’approvisionnement vers Gênes après la victoire de la première bataille de Dego. Suite à cela, les Français consolident le front et attendent de nouvelles opportunités.
L’essentiel de la guerre se déplace alors au nord, vers le Rhin, jusqu’au 29 juin 1795, lorsque les Autrichiens lancent une attaque contre l’Armée française d’Italie, épuisée et mal approvisionnée. Nominalement forte de 107 000 hommes, l’armée d’Italie n’a pu déployer qu’une force effective d’environ 30 000 hommes. Kellermann, qui a repris le commandement, fait appel à Carnot pour obtenir des renforts. Au lieu de cela, le général Bonaparte est nommé à l’état-major général où il élabore un troisième plan d’attaque vers Vado et Ceva. Kellermann est remplacé peu après par le général Schérer, qui mène les attaques et remporte la victoire à Loano.
La guerre de BonaparteEdit
Après un court répit dans les hostilités, Schérer démissionne et Bonaparte est nommé commandant en chef le 2 mars 1796. Les motifs de la nomination de Bonaparte étaient très probablement politiques. Le 9 mars, Bonaparte avait épousé Joséphine de Beauharnais, qui avait partagé son emprisonnement (sous Robespierre) avec celle qui était devenue l’épouse de Tallien, l’un des directeurs de la République française de l’époque. Les lettres de Joséphine affirment que Barras avait promis le commandement à Bonaparte, avant qu’elle ne consente à l’épouser. Barras est cité par ses collègues comme ayant dit de Bonaparte : « Avancez cet homme ou il s’avancera sans vous ». Bonaparte s’était montré très ambitieux et s’était fait un nom après le 13 vendémiaire en 1795. En le plaçant au commandement de l’armée d’Italie, Bonaparte est affecté à un front obscur : des treize principales armées de campagne de la République, la force italienne est la plus négligée et se trouve dans un état lamentable à l’arrivée de Bonaparte.
Bonaparte lance des attaques presque immédiatement après son arrivée sur le front, le 27 mars. Ses 37 000 hommes et 60 canons font face à plus de 50 000 soldats alliés sur le théâtre des opérations. Sa seule chance de soutien vient de l’armée des Alpes de Kellermann, qui doit faire face à 20 000 soldats alliés supplémentaires. Bonaparte n’a aucune chance d’obtenir des renforts, l’effort de guerre républicain étant concentré sur les offensives massives prévues sur le Rhin.
À la bataille de Montenotte, Bonaparte bat les Autrichiens et livre un second engagement autour de Dego peu après. À la suite de ces batailles, il lance une invasion totale du Piémont et remporte une nouvelle victoire à Mondovì. Le Piémont est contraint d’accepter l’armistice de Cherasco le 28 avril, ce qui le met hors de la guerre et de la Première Coalition. Il n’aura fallu qu’un mois à Bonaparte pour vaincre le Piémont (entre son arrivée et l’armistice), un pays qui avait résisté aux armées françaises pendant plus de trois ans. Les pertes totales au cours de la campagne éclair ont été de 6 000 soldats français et de plus de 25 000 alliés.
Bonaparte a réorganisé son armée nouvellement enthousiasmée après le court relâchement des opérations qui a suivi la défaite du Piémont. Suite à cela, il fait manœuvrer son armée dans des positions plus opportunes le long du Pô. Une petite victoire française à Codogno conduit à une retraite des forces de la coalition à travers la rivière Adda. Au bord de la rivière, l’armée autrichienne du général Beaulieu est vaincue lors de la bataille de Lodi le 10 mai.
L’armée d’Italie est désormais renforcée à près de 50 000 hommes et Bonaparte poursuit l’offensive, frappant les forces autrichiennes qui se mobilisent à proximité de la forteresse de Mantoue. À la suite d’une série de défaites mineures de la coalition, la garnison de Mantoue est renforcée à 12 000 hommes. Plaçant Mantoue en état de siège, Bonaparte dirige une division française vers le sud pour envahir et occuper le Grand-Duché de Toscane et les États pontificaux, battant les forces pontificales à Fort Urban, puis il se tourne vers le nord et, avec 20 000 hommes, bat quelque 50 000 Autrichiens sous les ordres du maréchal Wurmser aux batailles de Lonato et de Castiglione. Le commandant autrichien est contraint de se replier dans les Alpes.
Wurmser a été renforcé une fois de plus pour compenser les quelque 20 000 pertes subies au cours des deux derniers mois et a fait une tentative pour soulager le siège de Mantoue. Quelque 45 000 soldats autrichiens sont laissés en arrière pour se prémunir contre toute nouvelle offensive française tandis que le gros de l’armée autrichienne se dirige vers Mantoue. À Rovereto, le 4 septembre, Bonaparte inflige une lourde défaite aux Autrichiens et est alors bien placé pour frapper l’arrière de l’armée de Wurmser. Réagissant lentement à cette nouvelle menace, les Autrichiens sont à nouveau vaincus à la bataille de Bassano, où leur armée n’est plus que de 12 000 hommes. Les troupes restantes marchent rapidement vers Mantoue, mais s’y retrouvent piégées par l’avant-garde du général Masséna.
Des forces autrichiennes supplémentaires arrivent alors que l’armée de Bonaparte est affaiblie par la maladie et ses lignes d’approvisionnement menacées par la rébellion. Les commissaires politiques du gouvernement, notamment Cristoforo Saliceti, répriment brutalement les soulèvements, mais la position française est affaiblie. Pour stabiliser la situation, Bonaparte crée les États clients de la République transpadane et de la République cispadane.
Suite à cela, un nouveau commandant autrichien, Joseph Alvinczy, arrive et fait une nouvelle tentative pour soulager Mantoue. Bonaparte repousse Alvinczy, mais sa contre-offensive est sérieusement entravée par la défaite de Vaubois pendant cinq jours dans les villages de Cembra et Calliano. Alvinczy repousse une attaque française à Caldiero le 12 novembre et Bonaparte est contraint de se retirer. Lors de la bataille d’Arcole qui suit, d’une durée de trois jours, Bonaparte remporte une victoire importante et surprenante contre Alvinczy.
Les deux camps ont été renforcés avant qu’Alvinczy ne lance une nouvelle attaque en janvier. Bonaparte a défait ce nouvel assaut à la bataille de Rivoli, infligeant quelque 14 000 pertes. Puis il encercle et capture une deuxième colonne de secours autrichienne près de Mantoue. Peu après, Mantoue se rend finalement aux Français, ce qui permet à ces derniers de poursuivre leur progression vers l’est, en direction de l’Autriche. Après une brève campagne au cours de laquelle l’armée autrichienne est commandée par le frère de l’empereur, l’archiduc Charles, les Français avancent jusqu’à 100 miles de Vienne, et les Autrichiens demandent la paix. La campagne de Bonaparte a joué un rôle important dans la fin de la guerre de la Première Coalition.