Des singes de la reddition mangeurs de fromage ? Ils time to give the French Army the credit it deserve
Au moment de marquer le centenaire des terribles événements de 1917, parmi les plus dévastateurs de la Première Guerre mondiale, il est peut-être compréhensible que les Britanniques aient concentré leur attention sur l’offensive de Passchendaele et les Américains sur leur entrée en guerre contre l’Allemagne. Malheureusement, leur désir de commémorer l’héroïsme de leurs propres militaires a souvent un revers de médaille peu glorieux : le dénigrement du courage et de l’habileté de leurs alliés français.
Cette attitude est parfaitement illustrée par l’expression « cheese-eating surrender monkeys », inventée dans un épisode des Simpsons en 1995 et popularisée par le journaliste Jonah Goldberg dans une chronique de 1999 pour The National Review. Elle suggérait, entre autres, que les Français « ont cédé Paris aux Allemands sans tirer un coup de feu ».
Sans doute l’article avait une intention satirique, mais la gravité du préjugé sous-jacent n’est devenue que trop évidente en 2003 ; en témoignent les invectives adressées aux Français par les politiciens et les médias américains et britanniques après la décision (rétrospectivement, sage) de la France de ne pas soutenir l’intervention militaire en Irak.
Si les Britanniques et les Américains sont sérieux au sujet du souvenir, alors souvenons-nous équitablement des performances militaires de la France.
Soyez justes envers les Français
D’août 1914 à début 1917, c’est l’armée française qui a supporté l’essentiel des combats sur le front occidental – et avec un stoïcisme étonnant. En une seule période de deux semaines – du 16 au 31 août 1914 – elle a subi 210 993 pertes. En comparaison, les pertes britanniques se sont élevées à 164 709 au cours du premier mois – juillet 1916 – de l’offensive de la Somme.
L’armée française s’est également adaptée efficacement aux défis de la guerre de tranchées, perfectionnant les tirs de « barrage » de l’artillerie et inaugurant des tactiques d’infanterie innovantes au niveau des pelotons, centrées sur les armes automatiques et les grenades à fusil. Si le premier jour de la Somme – le 1er juillet 1916 – est un désastre pour les Britanniques, les Français prennent tous leurs objectifs.
Au début de 1917, 68 divisions françaises sont victimes de mutineries. Mais les soldats participant à ce qui était en fait des grèves militaires n’ont ni refusé de défendre leurs tranchées ni abandonné les objectifs de guerre de la France. L’armée elle-même s’est magnifiquement relevée de ce quasi-effondrement et a joué un rôle central dans la victoire des Alliés en 1918. De juillet à novembre 1918, les troupes françaises ont capturé 139 000 prisonniers allemands. Au cours de la même période, le corps expéditionnaire américain a capturé 44 142 Allemands.
Dans l’entre-deux-guerres, les Français ont investi massivement dans des fortifications défensives massives, la ligne Maginot, le long de la frontière franco-allemande. Cette décision a souvent été tournée en dérision comme révélatrice d’une attitude défaitiste. Pourtant, la France est moins peuplée que l’Allemagne et ne peut espérer égaler la taille de son armée de campagne. Les forteresses pouvaient combler cette lacune. L’objectif principal de la ligne Maginot était de protéger le cœur industriel de la France d’une offensive allemande rapide et de canaliser une invasion allemande à travers la Belgique. Cela a fonctionné.
L’armée allemande a remporté la campagne qui s’en est suivie en mai et juin 1940, grâce à son audacieuse » coupe en faucille » à travers la forêt des Ardennes, que les commandants alliés pensaient infranchissable. Cela a coupé les armées britanniques, françaises et belges au nord et les a condamnées à la défaite.
La planification stratégique française doit porter une grande part de responsabilité dans cette catastrophe, pourtant il s’agissait d’une défaite alliée, pas simplement française. Les Néerlandais et les Belges avaient été réticents à risquer leur neutralité et il y eut donc peu de coordination avant que les Allemands ne frappent. Et les Britanniques supposaient clairement que la France devait supporter l’essentiel des combats terrestres.
Le corps expéditionnaire britannique de 1940 avait un effectif maximal de seulement 12 divisions. En 1918, il en avait compté 59. Rien d’étonnant à ce que la machine de propagande nazie ait eu l’habitude de narguer ses ennemis en affirmant que les Britanniques étaient « déterminés à se battre jusqu’au dernier Français ».
Le « miracle » de Dunkerque
Bien que leurs généraux aient été surclassés en 1940, les troupes françaises se sont battues avec courage et habileté. Par exemple, lors de la bataille de Gembloux – 14-15 mai 1940 – des éléments de la Première Armée française ont mis en échec la vantarde « Blitzkrieg » allemande et ont gagné suffisamment de temps pour que leurs camarades et alliés puissent se retirer. Sans ces actions d’arrière-garde tenaces, il n’y aurait pas eu de « miracle de Dunkerque » et la guerre aurait pu être perdue en 1940.
Ayant traversé la Meuse, les divisions allemandes de Panzer n’ont eu qu’à avancer de 150 miles jusqu’à la côte de la Manche pour piéger le gros des forces alliées – 1,8 million de soldats français ont été capturés, et 90 000 tués ou blessés.
Dans la phase initiale de l’opération Barbarossa, l’invasion allemande de l’Union soviétique l’année suivante, l’Armée rouge a subi près de 5m de pertes, dont 2,5m qui se sont rendus. Les Russes ont également perdu 600 000 miles carrés de territoire. Pourtant, comme le fait remarquer Charles de Gaulle à Staline, au lendemain de cette défaite colossale, les Soviétiques disposent encore de 5 000 miles d’Eurasie dans lesquels ils peuvent se replier. Les Français n’ont pas manqué de courage en 1940 ; ils ont manqué d’espace.
La contribution militaire française à la victoire des Alliés dans la Seconde Guerre mondiale ne s’est pas arrêtée en 1940. Il y avait 550 000 soldats français libres sous les armes en 1944 et ils ont apporté une contribution majeure à la libération de l’Europe occidentale. En particulier, l’opération Dragoon – l’invasion du sud de la France en août 1944 – était effectivement une opération franco-américaine, avec une participation britannique limitée.
De nombreux soldats français impliqués ont été recrutés dans les colonies africaines de la France, mais ce n’était pas différent de la dépendance britannique sur 2,6 millions de soldats indiens pour soutenir l’effort de guerre global de leur empire. Au dire de tous, les unités françaises servant en Italie et en Europe occidentale entre 1943 et 1945, se sont bien battues, dans les meilleures traditions de l’armée française.
Des singes de la reddition mangeurs de fromage ? Il est temps d’y réfléchir à nouveau.