La doxycycline est-elle efficace dans la prévention et le traitement de la maladie de Lyme ?

La maladie de Lyme chez l’homme est causée par une infection de Borreli burgdorferi transmise par la morsure d’un Ixodes scapularis. La maladie peut être traitée à tous les stades, avec des antibiotiques par voie orale ou intraveineuse. Dans ces deux études, le traitement à la doxycycline est évalué, à la fois comme prévention et comme traitement de la maladie de Lyme.

Etude 1 : Klempner, et al (N Eng J Med 345:88, 2001) a évalué si un traitement prolongé d’antibiotiques serait efficace chez les patients avec une maladie de Lyme documentée qui ont avec des pinces musculo-squelettiques persistantes et/ou des symptômes neurocognitifs malgré le cours recommandé du traitement antibiotique. Les patients ont été randomisés pour recevoir soit de la ceftriaxone par voie intraveineuse (2g qd) pendant 30 jours suivie de doxycycline (200mg qd) pendant 60 jours, soit des placebos intraveineux et oraux correspondants. 78 patients étaient séropositifs pour B. burgdorferi et 51 étaient séronégatifs. Une amélioration de l’enquête sur la santé générale à court terme (SF-36) de la Medical Outcomes Study (MOS) a été utilisée pour évaluer l’efficacité.

L’étude a été interrompue après que l’analyse intermédiaire de 107 patients n’ait révélé aucune différence entre les patients recevant un traitement antibiotique prolongé et les patients recevant un placebo. Aucune différence n’a été observée entre les patients séropositifs et séronégatifs. Aucune preuve d’infection persistante par B. burgdorferi n’a été trouvée dans le sérum ou le liquide céphalo-rachidien d’un patient.

Étude 2 : Nadelman, et al (N Eng J Med 345:79, 2001) ont mené un essai clinique randomisé pour déterminer si un traitement prophylactique avec une dose unique de doxycycline préviendrait la maladie de Lyme après une morsure de tique I. scapularis. 482 sujets qui avaient retiré de leur corps une tique I. Scapularis attachée dans les 72 heures précédentes ont reçu soit une dose unique de 200 mg de doxycycline, soit un placebo. L’évaluation comprenait des tests d’anticorps sériques, des cultures sanguines et la détection d’un érythème migrateur au site de la morsure de tique.

L’érythème migrateur s’est développé une médiane de 12 jours après le retrait des tiques chez 1 des 235 (0,4%) sujets ayant reçu de la doxycycline, contre 8 des 247 (3,2%) sujets du groupe placebo. 7 de ces 9 sujets présentant un érythème migrant avaient également des signes de laboratoire de la maladie de Lyme. Chez les sujets traités par placebo, l’érythème migrant était significativement plus susceptible de survenir après des morsures de tiques nymphales fixées depuis > 72 heures par rapport aux morsures de tiques adultes et aux tiques fixées depuis < 72 heures.

Conclusion : Les données de ces deux études indiquent que : 1) les patients présentant des douleurs musculo-squelettiques chroniques et ou des symptômes neurocognitifs qui persistent après un traitement antibiotique pour la maladie de Lyme ne s’améliorent pas avec un traitement antibiotique prolongé (par voie IV ou orale) ; 2) un traitement précoce (dans les 72 heures suivant la morsure de tique) avec une dose unique de 200 mg de doxycycline est efficace pour prévenir la maladie de Lyme.