Le Second Reich Faits et fiches de travail
La formation du Second Empire allemand (le Second Reich) résulte de la victoire des armées prussiennes et alliées sur la France en 1870. Le roi de Prusse, au nom de la Confédération d’Allemagne du Nord, signe le 15 novembre 1870 plusieurs traités l’étendant à la partie sud de la Hesse et au Grand-Duché de Bade.
Le 23 novembre, un traité est signé avec la Bavière, et le 25 novembre avec le Wurtemberg. Ces traités, qui stipulent les modifications de la Constitution de l’Allemagne du Nord, sont approuvés par le Reichstag le 9 décembre, et ce dernier accepte le lendemain le nom d’Empire (Reich). Les instruments de ratification sont échangés à Berlin le 29 janvier 1871. Le roi de Prusse avait déjà été proclamé empereur (Kaiser) le 18 janvier 1871, à Versailles.
La constitution de l’Allemagne du Nord fut légèrement modifiée, puis devint la Constitution impériale. Sa structure était identique pour 14 titres (le titre 15 sur les relations avec l’Allemagne du Sud ayant été supprimé) et les nombres d’articles correspondant aux mêmes objets. Le roi de Prusse, devenu empereur, voit ses pouvoirs renforcés. La Bavière obtint quelques privilèges de forme et six voix au Bundesrat (au lieu de 4 à la Diète de Francfort).
Cette Constitution dite de Bismarck, modifiée 14 fois, mais par seulement huit chanceliers resta en vigueur jusqu’à la révolution du 9 novembre 1918. Elle est remplacée par la Constitution dite de Weimar du 14 août 1919.
Par le traité de Francfort du 10 mai 1871, la France cède l’Alsace (sauf Belfort) et une partie de la Lorraine, qui forment le pays d’Empire (Reichsland) administré directement par l’Empereur. Toutefois, en 1874, l’Empereur envoie 15 députés au Reichstag.
L’Empire, qui réunit 25 États membres, couvre 540 000 km2 et compte 41 millions d’habitants.
L’Allemagne, mille ans d’histoire
Le Reich a disparu dans le feu rougeoyant du Götterdammerung de 1945 et est venu représenter le début de douze années de règne hitlérien et l’une des plus puissantes institutions de l’Occident médiéval.
Un concept typiquement germanique
Selon les historiens, le Reich représentait un concept typiquement germanique. Si l’on revient à l’étymologie du mot, on rappelle l’ancienneté du terme que l’on retrouve en sanskrit sous la forme Rajan, ainsi que dans les anciens dialectes indo-européens, avec le sens de souveraineté ou de roi.
Les historiens ont défini le Reich comme désignant quelque chose qui » représente à la fois un cadre territorial parfois vague mais résultant d’une conquête et le pouvoir politique qui » s’exerce sur lui, quelle que soit sa nature politique « . Les historiens ont ainsi considéré que le Saint-Empire romain germanique représentait l’archétype du Reich, notamment au cours des trois premiers siècles de son existence, pendant la période du « Reich des Césars », depuis le couronnement d’Othon le Grand en 962 jusqu’à la mort de Frédéric II Hohenstaufen en 1250, dernier empereur ayant régné à la fois sur l’Allemagne et l’Italie.
Ce premier Reich médiéval s’appuyait à la fois sur la tradition romaine et carolingienne, symbolisée par deux villes, à savoir Aix-la-Chapelle où le roi d’Allemagne était couronné après avoir été élu par l’assemblée des princes allemands, la Diète (ou Reichstag ), et Rome où le pape couronnait le roi, lui conférant la dignité impériale.
A l’âge d’or de l’Allemagne, le Reich des Césars, sous les Ottoniens puis les Hohenstaufen, représentait la plus prestigieuse puissance européenne médiévale. Par son titre impérial, l’empereur était le premier souverain de l’Occident, régnant sur l’Allemagne. Les marchés orientaux de l’Allemagne s’étendaient au-delà de l’Elbe et de l’Oder sous la direction de Drag Nach Osten.
Ils s’étendaient également sur la Bourgogne s’étendant de la Suisse à la Méditerranée et au royaume d’Italie. Cela correspondait à l’Italie du Nord et à la Toscane. Bien qu’il couvre une grande partie du monde chrétien occidental, le Reich reste un État allemand. Les évêques et les gouverneurs nommés en Italie et en Bourgogne étaient des Allemands. De même, tout au long de ses huit cents ans d’histoire, les empereurs étaient tous des rois allemands ou issus de dynasties germaniques.
Par le privilège ottonien établi en 962, le pape, s’il recevait la dignité impériale par le couronnement, était placé sous la tutelle impériale. Le pape est tenu de prêter serment d’allégeance à l’empereur qui, en retour, lui accorde sa protection. Cette situation est lourde de conflits entre Rome et le Saint Empire romain germanique. La querelle des Investitures, les conflits entre Guelfes et Gibelins qui déchirent l’Italie du Nord au XIIIe siècle et la double excommunication de Frédéric II provoquent une lutte acharnée entre Rome et l’Empire. Elle aboutit à l’éradication complète des Hohenstaufen, marquant la fin du Reich des Césars.
La lente agonie du Premier Reich
Après le « grand interrègne » et l’élection de Rodolphe de Habsbourg en 1273, le Reich panse ses plaies et se recentre sur l’espace culturel germanique, abandonnant toute prétention sur l’Italie. La famille Habsbourg prend progressivement l’ascendant jusqu’à monopoliser le titre impérial à partir de 1438.
Le principe de l’élection du souverain par les sept grands électeurs, défini par la Bulle d’or de 1356, est maintenu. L’autorité impériale, cependant, s’est rapidement estompée. L’empereur ne devint véritablement souverain que dans ses États patrimoniaux de la Maison d’Autriche.
Le déclin du Reich fut accentué, miné aussi par les divisions de la Réforme protestante. Ne restait que son rôle séculaire et historique de rempart de l’Europe contre les menaces venues du Levant. Sous la pression turque, le Saint Empire défendit l’Europe contre la grande vague de l’Islam qui vint jusqu’aux murs de Budapest et de Vienne.
Renaissance du mot, abandon du sens
Les historiens analysèrent avec intérêt ce qui continua : Le Reich a disparu de la pensée politique allemande au XIXe siècle, y compris du Vörmarz (période » pré-mars » s’étendant du Congrès de Vienne en 1815 au Printemps des peuples de 1848) dans les milieux libéraux et révolutionnaires. Mais c’est Bismarck et les princes prussiens Hohenzollern qui font renaître le Reich avec la création du Deutsches Reich en 1871. On l’appelait encore le Reich de Guillaume, du nom de ses deux empereurs.
Cet « ersatz de Reich », comme le décrivent les historiens, préservait les particularités locales et se distinguait profondément du Saint Empire romain germanique. C’était un État laïc qui n’avait plus rien de romain puisque son cœur était prussien. Il devint une monarchie héréditaire détenue par la famille Hohenzollern et n’était plus un Empire dont le chef était désigné par un collège électoral.
De même, si son caractère germanique était indéniable avec le retour des anciennes terres d’Empire d’Alsace et de Lorraine à la faveur de la guerre de 1870, le Reich restait néanmoins séparé de l’Autriche et de la Bohême qui faisaient partie de l’Empire austro-hongrois. Comparé aux huit cents ans du Saint-Empire romain germanique, le Reich wilhelmien n’aura qu’une existence limitée et sera balayé par la guerre européenne de 1914, qui emporte les monarchies des Habsbourg et des Romanov.
Les historiens considèrent que Weimar est l’antichambre du troisième Reich hitlérien qui devient le GrossDeutsches Reich, « Grand Reich allemand ». Adoptée le 30 janvier 1934, la « loi de reconstruction du Reich » met fin à la structure fédérale de l’État allemand et instaure un État unitaire et centralisé, éliminant les Länder des anciennes principautés pour les remplacer par trente-trois Gau correspondant à l’organisation administrative du NSDAP.
Ce nouvel État n’avait rien de commun avec la tradition allemande, se construisant sans, voire contre, les anciennes élites du passé. Les historiens soulignent que la plupart des dirigeants hitlériens n’étaient pas prussiens et que les anciennes familles princières, parfois hostiles au nouveau régime, furent persécutées ou exilées.
Si le Reich, avec l’incorporation de l’Autriche et de la Bohême-Moravie, retrouve en partie les frontières du Saint-Empire romain germanique, l’idée d’une communauté du peuple (Volksgemeinschaft) nie les particularités régionales de l’ancien Reich. Le Troisième Reich, qui était censé établir la suprématie allemande sur le monde et durer mille ans, s’est effondré au bout de douze ans, non sans avoir été confronté à des événements cyclopéens. L’Allemagne, dévastée par la guerre, a été vaincue et occupée et le Reich s’est effondré.